2) La greffe de cellules souches

Le traitement de certains cancers inclut la greffe de cellules souches du sang (on parlait anciennement de greffe de moelle). 

Tout d’abord qu’est-ce qu’une cellule souche ?

Contrairement à la plupart des cellules, les cellules souches sont des cellules capables de se renouveler indéfiniment et de réparer des tissus abîmés, voire de les créer de toute pièce. On les trouve à plusieurs niveaux (embryon, foetus, moelle osseuse, différents organes). Les cellules souches qui régénèrent continuellement le sang sont situées dans la moelle osseuse.

La greffe de cellules souches en général :

La greffe proprement dite est précédée d'une chimiothérapie, accompagnée ou non d’une irradiation corporelle totale pour détruire un maximum de cellules cancéreuses.  Mais comme nous l'avons vu précédemment avec la chimiothérapie ces traitements détruisent aussi les cellules souches du sang. C'est pourquoi une greffe de cellules souches est ensuite indispensable pour permettre le réapprovisionnement du sang en globules rouges, globules blancs et plaquettes. Le traitement et les soins liés à cette technique exigent des connaissances très spécifiques. L’intervention se fait donc exclusivement dans des hôpitaux spécialisés.

Il existe 2 types de greffes :

  • La greffe autologue / autogreffe utilise les cellules souches du patient. Celles-ci sont prélevées au moment où les effets de la maladie ont été, le plus possible, atténués. Une fois prélevées, les cellules hématopoïétiques du patient sont congelées et réinjectées après administration d’une forte dose de chimiothérapie.

Dans ce cas, la chimiothérapie soigne la leucémie, et l’autogreffe permet de reconstituer ensuite la moelle osseuse. L’avantage de ce type de greffe est que les cellules souches provenant du corps du patient, les risques de rejet et de complications sont nuls.

Mais l’inconvénient majeur c’est la présence éventuelle, malgré les traitements préalables, de cellules cancéreuses résiduelles parmi les cellules souches. Le risque de récidive est donc plus élevé que dans le cas d’une greffe allogénique. 

  • La greffe allogénique / allogreffe de cellules souches consiste à transplanter des cellules souches saines issues d'un donneur chez un patient atteint de cancer une fois son traitement terminé. Le donneur de cellules souches le plus approprié est un frère ou une sœur du malade, car on obtient dans ce cas une compatibilité optimale des tissus mais il reste la possibilité de chercher le meilleur donneur possible dans une banque de moelle osseuse.

Le type de tissu est défini par une paire de marqueurs génétiques présents sur les globules blancs. Chacun des membres d'une paire est hérité de la mère et du père de chaque individu. Plus les marqueurs du donneur et du patient sont proches, plus l'allogreffe de cellules souches aura des chances de succès.

Une fois le donneur le plus approprié identifié, les cellules souches de son sang peuvent être récupérées par le biais d'une intervention simple et non chirurgicale appelée aphérèse.

Quelques jours avant le prélèvement, on administre un traitement au patient afin d'encourager les cellules souches à quitter la moelle osseuse et à passer dans la circulation sanguine. Le sang prélevé dans une veine du bras est passé dans un appareil à aphérèse dit « séparateur de cellules » pour récupérer les cellules souches. Les composants sanguins restants sont récupérés et rendus au donneur par un cathéter posé sur l'autre bras.

Les cellules souches sont ensuite réimplantées ou réinjectées par voie intraveineuse chez le receveur. Il faut attendre environ 2 à 3 semaines pour que la greffe prenne et commence à produire de nouvelles cellules sanguines saines.

Une réaction appelée "réaction du greffon contre l'hôte" est possible lorsque les cellules du donneur sont reconnues par le corps du patient (l'hôte) comme des corps étrangers. Afin de prévenir ce genre de réactions, ainsi que le rejet de greffe, un traitement est généralement administré au patient pendant 3 à 6 mois suivant la transplantation.

L’avantage principal de l’allogreffe est que les cellules du donneur sont capables d’éliminer les cellules cancéreuses qui pourraient encore être présentes dans l’organisme. On appelle cela "l'effet greffon contre cancer". Le greffon diminue le risque de récidive de la maladie. 

Mais l’inconvénient est qu’il existe un risque de réaction du greffon contre l’hôte. Il s’agit d’une complication importante. Les cellules du donneur attaquent les organes et les tissus normaux du patient. Le degré de sévérité peut varier d’inoffensif à mortel. Pour contrôler ce risque, le patient devra, pendant un certain temps, prendre des médicaments spécifiques. Ensuite, le greffon s'accomode à l’hôte et le risque d’attaque contre l’organisme diminue.

Dans le cas d’une leucémie

La greffe s’inscrit dans un parcours thérapeutique. Elle est souvent proposée comme traitement de consolidation afin d’éviter une rechute, après un ou plusieurs épisodes de chimiothérapie et des séjours en chambre stérile pour prévenir tout risque infectieux

  • Dans le cas du traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique une greffe de cellules souches hématopoïétiques peut avoir lieu en traitement d’entretien après deux cures de chimiothérapie.
  • Dans le cas d’une leucémie aiguë myéloïde à haut risque de récidive on peut aussi procéder à un greffe.
  • Pour une leucémie myéloïde chronique, chez les patients les plus jeunes, la greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques peut être proposée en cas d’efficacité insuffisante des traitements initiaux.
  • Enfin, dans le cas d’une leucémie aiguë chronique une greffe peut s’avérer nécessaire.